19 février 2022

L’honneur de la maison Spalding – Des paroles…


Avec la déclaration de guerre, Spalding voit subitement ses années de travail consacrées à la  propagation des idéaux de l’Olympisme et de l’amitié entre les peuples réduites à néant, la perspective des Jeux de Berlin effacée en un instant, les rêves d’expansion de son sport balayés d’un revers de main, toute une génération de jeunes gens dont la vie va basculer. Trop absorbé par sa mission, trop obsédé par l'œuvre de sa vie, il n’a pas entendu que toutes les nations d’Europe entonnaient le péan depuis fort longtemps.

En véritable homme d’action, Spalding ne tarde toutefois pas à réagir. Alors que les Etats-Unis sont neutres, en ami passionné de la France il n’hésite pas un instant et envoie dès le début du conflit cette note interne dans les sociétés de son groupe, qui ne laisse aucun doute sur sa position et ses intentions :

« Nous ne sommes pas neutres ; les Spalding ne peuvent rester neutres quand il s’agit d’une lutte pour le triomphe de la justice et de la liberté de l’humanité ; ils ne peuvent rester indifférents au sort de frères de sang et d’idéal commun ; nous sommes par conséquent des pro-alliés » [i].

Tout est dit.


C’est à Point Loma en Californie, qu’il s’éteint tragiquement le 9 septembre 1915, à 65 ans, des suites d’un accident vasculaire cérébral.

Le décès d’Albert Goodwill Spalding produit une onde de choc dans l’ensemble du milieu sportif, et tout particulièrement à New York, où le New York Times n’hésite pas à affirmer qu’il est le père du baseball professionnel[ii]. En France, le journaliste de la rubrique nécrologique du journal Le Gaulois[iii] écrit alors à son sujet : 

« C’est non seulement un homme aimé et respecté qui s’en va subitement, en pleine force d’âge et de vigueur intellectuelle, mais un des plus grands amis de la France qui disparaît ».

Les acteurs du baseball Français, eux, sont doublement orphelins et doutent que la prophétie de Spalding s’accomplisse un jour : Will the next baseball country really be France? Ce qui est sûr, c’est que sa mort marque la fin d’une ère.

***



[i] Le Gaulois, 16 octobre 1915.

[ii] « Spalding One Of Baseball’s Leader », in The New York Times, 11 septembre 1915.

[iii] Le Gaulois, op. cit.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.