19 février 2022

L’honneur de la maison Spalding – … Aux actes

Au moment du décès de son père, Albert Goodwill Spalding Jr. se trouve déjà depuis plus d’un an sur le front dans l’armée des alliés pour défendre sa patrie d’adoption. William Vernon Burgess, fils de W. H. Burgess, le précieux collaborateur de Spalding en France, le suit dans cette voie. En août 1917, c’est le neveu d’Albert Goodwill Spalding, lui aussi nommé Albert Spalding, qui s’engage à son tour et sert avec le grade de first lieutenant dans l’Aviation Section Signal Corps. Leur engagement constitue le point de départ de ce nouveau chapitre de l’histoire du baseball en France, celui de la Grande Guerre.

 

Photo prise devant les établissements Spalding, rue Tronchet à Paris, représentant des hommes en uniforme parmi lesquels figurent vraisemblablement Albert Goodwill Spalding Jr. et William Vernon Burgess. Qui sont les deux autres hommes et la femme en retrait derrière ? Cette photo non légendée figure dans l’ouvrage « Comment on joue à la balle au camp », publié par la Bibliothèque Spalding d’Athlétisme en 1919.


Albert Goodwill Splading Jr. s'engage dès le 29 août 1914. On peut imaginer que c'est par commodité qu'il prend la décision d'intégrer l'armée Britannique. De fait, il intègre le 5th Dragoon Guards, une unité de cavalerie alors stationnée à Aldershot dans le Hampshire. Il est transféré peu de temps après au 3rd Battalion des Coldstream Guards, où il est promu lance corporal le 27 avril 1915. Sur le front de l’Ouest, il prend notamment part à la bataille de Festubert en mai 1915 (16 000 pertes pour une avancée de moins d'un kilomètre…), puis à celle de Loos dans le Pas-de-Calais en septembre 1915[i], deux semaines à peine après le décès de son illustre père.

En novembre 1915, il passe au 10ème bataillon du Royal Inniskilling Fusiliers, où il est promu Second  Lieutenant et participe en avril 1916 à la bataille de Hulluch, à quelques kilomètres au nord de Loos-en-Gohelle.

Il meurt au combat, à l’âge de 25 ans, près de Thiepval, le 1er juillet 1916, première journée de la bataille de la Somme, ainsi que 60.000 autres Britanniques le même jour. Son commandant écrit alors à son sujet :

« C’était l’un des plus braves et intrépides officiers qu’il m’ait été donné de rencontrer ; il était populaire auprès de tous les officiers et les hommes de ce bataillon ».

Son nom – et donc celui de son Père - est gravé à jamais sur le Thiepval Memorial to the Missing of the Somme, inauguré par le Prince de Galles[ii] en présence du Président Albert Lebrun le 31 juillet 1932. Ce nom figure par ailleurs toujours actuellement sur le tableau des membres tombés au champ d’honneur exposé à l’entrée du pavillon du Golf de Chantilly. [iii]

William Vernon Burgess, quant à lui, intègre le Royal Berkshire Regiment Goldsmiths' College de la British Army avec le grade de Second Lieutenant. Il meurt au combat le 19 juillet 1916, lors de la bataille de la Somme, soit moins de trois semaine après Albert Goodwill Spalding Jr.

Son nom figure aussi sur le Thiepval Memorial to the Missing of the Somme.

Albert Spalding (1888-1953), fils de James Walter Spalding, le plus jeune frère d’Albert Goodwill Spalding, et par conséquent cousin d’Albert Goodwill Spalding Jr., s’engage en août 1917 dans l’Army Air Service et sert principalement en Italie, où il se voit décerner la croix de l’ordre de la Couronne d’Italie, ainsi qu’aux côtés du Major La Guardia, fameux Congressman de New York[iv]. Violoniste virtuose et compositeur, ce représentant de la famille Spalding survivra à la guerre et mourra en 1953, sans jamais s'impliquer dans le développement du baseball.

***

[i] Il s’agit de la composante britannique de l'offensive alliée connue sous le nom de deuxième bataille de l'Artois.

[ii] Le futur Roi Edouard VIII.

[iii] The Times, 29 juillet 1916 ; “Lieut. Spalding Killed In Action In France”, in The Evening World, 7 juillet 1916 ; “Lieutenant Spalding Killed In France”, in New-York Tribune, 8 juillet 1916 ; “Dans les cercles”, in Le Gaulois, 30 septembre 1919 ; « Baseball in the Garden of Eden: The Secret History of the Early Game », par John Thorn, edition Simon & Schuster, New York, 2011.

[iv] « Music : No Silver Spoon », in Time, 2 février 1931 ; New-York Tribune, 18 juin 1919, p. 22.

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