25 avril 2023

Vie et mort du Paris Baseball Club

Paris+Baseball+Club. Trois mots qui ont longtemps posé de sérieux problèmes à votre serviteur. D’une part parce qu’il y a plusieurs villes portant le nom de Paris qui abritent un ou même plusieurs clubs de baseball : près d’une vingtaine aux USA, notamment au Texas ou dans le Tennessee, autant dire que la recherche sur des sites américains d’archives est quelque peu parasitée. D’autre part parce que ces termes ont trop souvent été utilisés dans la presse anglophone pour désigner l’un quelconque des nombreux clubs de baseball à Paris, France. D’où la forte tentation d’écarter assez rapidement toute combinaison de ces trois termes apparaissant dans les résultats de recherche. Il y a pourtant bien eu un club portant très exactement ce nom. Son histoire, que je vous dévoile ici, est assez intéressante et chamboule certaines convictions sur la pratique de ce sport à la Belle Epoque en France.

La première grande surprise a été celle de constater, à la lecture d’un article de La Revue des sports du 13 mars 1889, que le match exhibition du 8 mars n’était pas resté sans effet sur la communauté américaine de Paris, comme nous aurions pu le croire. Certes, l’existence de clubs d’étudiants ou de jeunes gens plus ou moins organisés avant cet événement était connue et il était légitime de s’imaginer que leur activité avait probablement bondi à partir du printemps, mais ce qui était jusqu’à présent passé inaperçu était la création d’un grand club immédiatement après le passage de Spalding et ses joueurs, club qui allait régner en maître de très longues années sur la capitale et possiblement même une partie de l’Europe. Point de départ de notre enquête, cet article dit ceci :

« Les élèves Américains de l’atelier Julian organisent en ce moment deux équipes de base-ball. D’autre part notre confrère le New York Herald produit la lettre suivante : « Comme le base-ball a été favorablement accueilli après la partie de vendredi dernier, il y a lieu de supposer que nombre de jeunes gens joueraient ce jeu avec plaisir si l’on pouvait les réunir. Nous ne connaissons pas de meilleur moyen d’arriver jusqu’à eux que par l’intermédiaire de notre journal en invitant tous ceux qui voudraient pratiquer ce sport à envoyer leurs noms et leurs adresses au soussigné, pour organiser les préliminaires d’une association : M. Summer, 16 avenue Carnot [Paris]. Avis aux amateurs. » »[i]

Un article de l’American register for Paris and the continent[ii] corrobore l’événement et le relate ainsi dans son édition du 16 mars 1889 :

« A peine 48 heures après avoir applaudi les joueurs [des équipes professionnelles], une demande a été adressée au préfet de la Seine afin de permettre à un club de base-ball d'utiliser un terrain dans le bois de Boulogne, près de La Muette. Cette permission étant donnée, un certain nombre de messieurs américains, pour la plupart des artistes, ont été invités par le sculpteur C. E. Dallin à former une société de base-ball, qui a rapidement dépassé la quarantaine de membres et dont M. Dallin fut nommé secrétaire. »

Cyrus Edwin Dallin autour de 1880

De manière très utile, l’article précise le nom de certains des membres - curieusement aussi leur position en défense sur le terrain, ce qui nous permet d’en déduire qu’ils avaient déjà eu l’occasion de jouer ensemble - et indique les modalités du premier rendez-vous fixé :

« Househalter (pitcher), Herman (catcher), Niell et Kenyon (première base), Brown (second base), Lasar (short-stop), Peters (center field), Browne (right field), Dallin (left field), Longman, Hamilton, Barlow, Barnard, Adams, Vedder, Hake, Karshl, Felton, Wood, Walker, Harwood, South, Wilbour, Martin, Thomas, Norris, Graham, Parker, Boyden, Starkweather, Levy, Foss, Smedley, Fisher, Grafly, Richardson, Stahl et Kophmann. La première réunion se tiendra à deux heures aujourd’hui [le samedi 16 mars 1889] au Bois de Boulogne, sur la pelouse face à La Muette. »

Vous l’aurez probablement remarqué, Summer n’est pas mentionné, il y a deux joueurs de première base et il manque le joueur de troisième base, mais c’est presqu’un détail car nous tenons en fait ici le premier roster d’une équipe de baseball en France et possiblement en Europe ! Alors essayons d’y voir plus clair.

Dallin, de son nom complet Cyrus Edwin Dallin, Américain originaire de Springville dans l’Utah âgé de 27 ans au printemps 1889, étudie la sculpture[iii] à l’Académie Julian puis auprès de Henri Chapu mais est également un grand sportif : Figurez-vous qu’à Saint-Louis en 1904, il remportera non seulement la médaille d’or[iv] lors de l’Exposition Universelle pour sa sculpture Protest of the Sioux mais aussi la médaille de bronze par équipe au tir à l’arc lors des Jeux Olympiques ! Notez d’ailleurs au passage qu’il est établi qu’un grand nombre de ses œuvres trouvent leur inspiration dans les croquis qu’il a faits à Paris en 1889 des Sioux Lakotas de la troupe de Buffalo Bill (lire l’article à ce sujet). Dallin passera une bonne partie de sa vie entre les continents américain et européen et il est extrêmement difficile de déterminer son activité réelle au sein de ce club ; on sait toutefois qu’il était à Boston en 1890, puis qu’il revint étudier à Paris auprès du sculpteur Jean Dampt à partir de 1897.

The Medicine Man, sculpture de Dallin, devant le Grand Palais pendant l’Exposition Universelle de Paris en 1900 (présentée au public sous le titre Apothicaire – sic !).

Norris est un nom que nous connaissons déjà : il s’agit à n’en pas douter de Benjamin Franklin Norris Jr., également étudiant à l’Académie Julian à la même époque mais dans la section peinture. La présence de son nom sur cette liste confirme la théorie avancée dans l’article que nous lui avions consacré (à lire ici). Après son séjour parisien et son expérience de la sculpture, Norris reprendra des études plus conformes aux yeux de ses parents à Berkeley l’année suivante jusqu’en 1894, puis à Harvard.

Pour ce qui est de l’identification des autres membres et puisque ces deux-là étaient bien à l’Académie Julian, pourquoi ne pas parcourir en quête d’indices la liste des artistes étrangers qui ont été élèves dans cette fameuse école ? On y retrouve  très vite certains des noms cités[v] à savoir celui des Américains Henry Rodman Kenyon (élève de 1882 à 1888), Charles Francis Browne (à partir de 1887), Edward Herbert Barnard (de 1885 à 1889), Simon Harmon Vedder (à partir de 1887), James Taylor Harwood (de 1885 à 1889), originaire de l’Utah comme Dallin[vi], Frederick C. Martin (de 1889 à 1890), Charles S. Parker (aussi élève de Chapu à cette époque) ou Lawton S. Parker (de 1889 à 1890), Dwight Frederick Boyden (en 1888 et expose au salon de Paris de 1888 à 1890), Francis Henry Richardson (élève et expose à Paris en 1889 et 1890), Charles Grafly (aussi élève de Chapu à cette époque), sans oublier celui du Britannique naturalisé Américain John Noble Barlow, (de 1887 à 1889). En clair, à moins que ce ne soit une improbable série de coïncidences, le noyau dur des membres de ce club est constitué de talentueux étudiants de l’Académie Julian dont l’atelier principal se trouve Passage des Panoramas (lire l’article sur l’American ArtAssociation). Chose extraordinaire, un grand nombre de ces jeunes gens se retrouveront à exposer certaines de leurs œuvres lors de l’Exposition Universelle de Paris en 1900, côte à côte avec Douglas Tilden[vii].

Quelques mois plus tard, en 1890, un Américain résidant à Paris depuis plusieurs années, M. G. Thompson, propose son aide et prend la présidence du club avec de fermes intentions[viii]. Fervent amateur de baseball, il est très heureux de constater que ce jeu trouve des adeptes en Europe et se propose d’ouvrir le club à tous ceux qui souhaitent s'essayer à ce sport. Les dirigeants du club espèrent ainsi que leur exemple encouragera d'autres jeunes gens à s'intéresser au baseball et que ce jeu finira par s'imposer dans le paysage de France comme il l'a fait aux États-Unis. A la lecture de certains articles, nous serions parfois en droit de nous demander si les facétieux membres de ce club n’ont pas pris un malin plaisir à brouiller les pistes chez certains journalistes :

Ainsi peut-on lire :

« Le baseball est un jeu d’adresse et de force, qui consiste à renvoyer une balle lancée par l’adversaire, et à courir autour des bases. Les joueurs sont armés de grandes battes et sont vêtus de blouses blanches[ix]. Les équipes sont composées de neuf joueurs chacune. »[x]

Ou :

« Nous avons cru comprendre, d'après les explications qu'on a bien voulu nous donner, que le baseball, tout en ayant quelques rapports avec le cricket, est cependant beaucoup plus intéressant. Les joueurs sont armés de grandes battes, semblables à celles qu'on emploie pour le jeu de quilles, et le coup est donné de manière à projeter la balle à une très grande distance. Nous souhaitons de tout cœur que ce jeu soit adopté par les Parisiens, car il n'est pas sans intérêt, et il pourrait bien les aider à supporter les longues heures d'attente du grand amour. »[xi]

Ou bien encore :

« Le Baseball, comme nous l'avons déjà expliqué à nos lecteurs, est un jeu de balle où deux équipes s'affrontent. Le jeu consiste à frapper une petite balle en caoutchouc avec une batte et à courir autour d'une série de bases pour marquer des points. Les joueurs sont toujours en mouvement, courant et sautant pour attraper la balle ou pour empêcher les autres de la prendre. »[xii]

Quoi qu’il en soit, le nom de ce club ne tarde pas à apparaître dans les articles des journaux : Paris Baseball Club. Son lieu de prédilection semble avoir été globalement le Bois de Boulogne, mais pas nécessairement toujours au même endroit, ce qui complique souvent les recherches : tantôt sur la pelouse face à La Muette[xiii], tantôt sur celle de Bagatelle[xiv], tantôt près de l'hippodrome de Longchamp[xv], tantôt encore sur un terrain prêté par la ville de Paris, situé à la porte Maillot[xvi]. A l’occasion, cependant, l’équipe peut aussi se retrouver sur le Champ de Mars[xvii]. Rien qui permette en tout cas de conclure que « Les membres du club de Paris ont acheté un terrain » et s’y sont établis de manière durable, comme il est avancé à tort dans La Revue Illustrée en décembre 1889[xviii].

Au départ, la quarantaine de membres se répartissent en deux équipes, peut-être entre les sections Sculpture et Peinture de l’académie, pour jouer des parties amicales. Toutefois, dès le mois de juin, le Paris Baseball Club est occupé à organiser son premier grand tournoi pour le dimanche 14 juillet[xix] et fait par la suite savoir que ses joueurs sont « prêts à jouer contre tout autre club, anglais ou américain, qui serait formé en France » [xx]. Le club ne se contente pas seulement d’être le premier ou le plus grand, il veut être le moteur et imprimer un mouvement.

« Le baseball est de plus en plus populaire à Paris, et de nombreux clubs ont été créés ces dernières années. Le Paris Baseball Club est l'un des clubs les plus actifs de la ville, organisant régulièrement des matchs et des tournois. Le sport est encore relativement nouveau en France, mais il est en train de gagner en popularité grâce à des clubs comme le Paris Baseball Club. »[xxi]

De fait, son tournoi qui se tient les 8 et 9 août 1893 ne réunit pas moins de quatre clubs différents[xxii].

Voici quelques-uns des adversaires affrontés par le Paris Baseball Club que nous sommes en mesure d’identifier :

  • L’équipe de l'Union Athlétique de l'Université américaine[xxiii], qui paraît avoir joué régulièrement à partir de mai 1889 soit sur la Plaine Monceau[xxiv] dans le 17ème arrondissement, soit rue de Grenelle, c’est-à-dire sur le Champ de Mars ou sur l’Esplanade des Invalides ;

« La partie, très animée, a été suivie avec un vif intérêt par les spectateurs, parmi lesquels on remarquait beaucoup d'Américains et d'Anglais. Les joueurs, tous en costume blanc et portant des chapeaux de paille, se livraient à des évolutions étonnantes, courant et sautant dans tous les sens pour attraper la balle ou pour éviter d'être touchés. »

  • Le « club français de la rue de la Pompe »[xxv] - dont on peut se demander s’il a un lien avec le lycée Janson de Sailly qui se trouve dans la même rue - qui devait pratiquer du côté de la porte de la Muette en 1890 :

"Le Paris Baseball Club a joué hier son premier match contre le club français de la rue de la Pompe. […] Le public était nombreux et très enthousiaste. Les joueurs du Paris Baseball Club ont montré une grande habileté et ont remporté le match avec un score de 12 à 5."

  • L’équipe de Colombes[xxvi] dès 1891, dont les noms des joueurs laissent penser qu’il s’agirait surtout de Français :

« Hier après-midi, les terrains de Colombes ont été le théâtre d'un match de Base-ball entre l'équipe de Paris et celle de Colombes. Le Base-ball est un jeu qui commence à être connu chez nous. Les Anglo-Saxons sont les meilleurs joueurs, mais les Français sont loin d'être des novices. […] C'est un jeu très amusant et plein d'intérêt. Les Américains en sont très friands, mais les Français ne tarderont pas à l'adopter, car c'est un sport très intéressant et qui développe toutes les qualités physiques.

[…] L'équipe de Paris était composée de MM. Cassidy, Chalumeau, Duvernois, E. White, Varachaud, Rouleau, Boulanger, E. Smith et C. White. Celle de Colombes était composée de MM. Paul, Piédoue, Bulteau, Sambon, Pouchet, Poulain, Varcollier, Bonnard, Gourgand et Fénéon.

La partie a été très disputée. Les deux équipes étaient bien préparées et n'ont rien épargné pour gagner. Mais l'équipe de Paris a fini par l'emporter par trois points contre un. Les joueurs de l'équipe gagnante ont été chaudement applaudis par les spectateurs qui assistaient au match. »

  • le Stade Français dans le parc de Meudon à partir de 1891 ou 1893[xxvii] :

« Il y eut près de l’observatoire des parties nombreuses. », rapporte ainsi en 1913 Camille d’Ars, un observateur de l’époque.

  • la « Sporting Club » française en août 1893[xxviii] ;
  • l’Etoile des Deux Lacs en août 1893[xxix], qui figure parmi les principales associations sportives du 16ème arrondissement et occupe un terrain dans le Bois de Boulogne ;
  • l’équipe de l’Union des jeunes gens ;
  • ou encore celle des « Sports réunis » :

« Le base-ball continue à faire des progrès sensibles à Paris. La saison dernière [1894], les amateurs de ce jeu avaient organisé un championnat qui avait été très disputé et très suivi. Il est probable que le succès de cette tentative ait encouragé les promoteurs à continuer leur œuvre en l’élargissant. Aux équipes qui étaient déjà en présence se sont jointes deux nouvelles, l’une de l’Union des jeunes gens, l’autre des Sports réunis. Les détails de leur organisation ne nous sont pas encore connus. On ignore également la date à laquelle les matchs commenceront. Mais il est certain que les joueurs de base-ball n’auront pas à regretter le temps qu’ils consacreront à la pratique de leur sport favori. Le jeu est sain, complet, rapide et varié. Il est propre à développer la force physique et morale de ceux qui s’y adonnent. Aussi espérons-nous que le nouveau championnat aura un plein succès et une belle issue. »[xxx]

  • une équipe mixte composée d’élèves de l’École des Mines et de Polytechnique :

« A Paris, il y a un club de baseball qui est une société de jeunes gens très sérieux et qui jouent avec un ensemble et une intelligence qui n’ont rien à envier à ceux des Américains. La plupart des membres de cette société sont des élèves de l’École des Mines et de l’École Polytechnique. Les joueurs ont une grande dextérité et la rapidité avec laquelle ils manient la balle est extraordinaire. Ils sont très nombreux à Paris et sont suivis par un grand nombre d’admirateurs. »[xxxi]

  • l’équipe de Joinville en 1903[xxxii], qui pourrait être celle de l’école militaire, qui y pratiqua la grande thèque à partir de 1889 ;
  • sans oublier certains clubs où la pratique semble avoir été occasionnelle,  notamment le Racing Club de France, ou bien encore le Ranelagh mentionné pour la première fois en septembre 1897 :

« Ce nouveau sport promet de faire sensation à Paris. Déjà plusieurs clubs ont organisé des matches, notamment le Racing Club, le Ranelagh, le Stade français et le Club français. (…) »[xxxiii]

A partir de l’été 1897, il est possible de constater un changement de ton dans les articles traitant du baseball. Le club n’est plus perçu comme un simple petit trublion dans le paysage sportif français mais comme une quasi vénérable institution, du haut de ses 8 ans d’existence :

« Le Paris Baseball Club est l’un des clubs les plus populaires de la ville. Les membres de ce club sont très habiles dans la pratique du baseball, et ils ont remporté de nombreux succès dans les matchs qu’ils ont disputés. Les matchs de baseball attirent un grand nombre de spectateurs, et il y a toujours une grande ambiance dans les stades où se déroulent ces matchs. […] Le Paris Baseball Club est une institution très respectée à Paris, et ses membres sont considérés comme des athlètes de haut niveau. »[xxxiv]

L’heure est certainement venue de faire franchir un nouveau seuil à cette organisation mais ce projet ne paraît pas si simple à réaliser. Alors que le sujet est abordé quelques semaines plus tard dans les pages de Le Radical :

« Le jeu de base-ball prend une grande extension en France. Plusieurs clubs se sont formés, notamment à Paris, et bientôt se disputera le championnat de France. »[xxxv]

C’est seulement 6 ans plus tard, en 1903, dans Le Petit Journal que l’on trouve la mention de matchs de championnat de France de baseball :

« Les adeptes du baseball, qui ont déjà créé plusieurs clubs en France, et qui avaient entrepris une campagne pour l’organisation d’un championnat de France, ont obtenu un certain succès. Un championnat de France de baseball se disputera au bois de Boulogne, le [dimanche] 26 avril, entre les équipes de Paris et de Joinville. La rencontre commencera à 3 heures précises et sera suivie par un grand nombre d’amateurs. »[xxxvi]

Mais le Paris Baseball Club n’entend pas se limiter à la France. Très rapidement, en effet, il affronte des clubs constitués d’étrangers puis venant d’autres pays européens, parmi lesquels :

  • des équipes non identifiées lors d’un tournoi international en septembre 1889 dont le lieu n’est pas précisé ;
  • possiblement les équipes de Londres et Manchester lors d’une excursion en Angleterre en 1890 ;

« Il y a plusieurs équipes de base-ball à Paris, et il est probable que ce jeu sera bientôt pratiqué dans toutes les grandes villes de France. Le Paris Base-Ball Club a participé à un tournoi international en septembre 1889 et s'est classé deuxième après les équipes américaines. Le club est maintenant en train de préparer une tournée en Angleterre, où il jouera contre les équipes de Londres et de Manchester. »[xxxvii]

  • une équipe de l’Université de Cambridge venue à Paris en avril 1890 :

« Un match de base-ball a eu lieu hier [le mercredi 25 avril 1890] sur le terrain de l'Union des sociétés athlétiques de France [l’U.S.F.S.A. ?] entre l'équipe du Paris Baseball Club et une équipe de l'Université de Cambridge. Les joueurs parisiens, bien que novices, ont montré une grande habileté et une grande adresse. Ils ont été battus par deux points à un, mais leur prestation a été très appréciée. Les joueurs anglais étaient également très bons, mais un peu lourds et lents. »[xxxviii]

  • une « équipe Anglaise » à Paris en juin 1891

« Le terrain de la rue de Javel sera le théâtre d’un match de base-ball, aujourd’hui [le mardi 6 juin 1891], entre l’équipe du Paris Baseball Club et une équipe anglaise. Les règles de ce jeu, qui est très en vogue aux États-Unis, sont assez compliquées, mais les joueurs parisiens les connaissent parfaitement et sont sûrs de remporter la victoire. Les joueurs anglais ne sont pas connus, mais on dit qu’ils sont très forts. » [xxxix]

  • le “British Club” en août 1893[xl], dont il n’est pas exclu qu’il puisse s’agir du Standard Athletic Club fondé à Meudon en 1890 ;
  • un club bruxellois en juin 1896 :

« Le Paris Baseball Club a joué hier un match contre le club belge de Bruxelles. Le match a eu lieu sur le terrain du club dans le bois de Boulogne. Le public était nombreux et très enthousiaste. Les joueurs du Paris Baseball Club ont montré une grande habileté et ont remporté le match avec un score de 8 à 3. » [xli] 

  • plusieurs clubs étrangers lors de l’Exposition Universelle de 1900 :

"Un tournoi de baseball est organisé à Paris à l'occasion de l'Exposition universelle de 1900. Le tournoi aura lieu sur le terrain du Paris Baseball Club dans le bois de Boulogne. Plusieurs clubs français et étrangers participeront au tournoi, y compris le Paris Baseball Club. Le baseball est un sport très intéressant et nous espérons que le tournoi sera un grand succès."[xlii]

En d’autres termes, tout au long de ses années le Paris Baseball Club marque de son empreinte magistrale le baseball sur le continent. Mais alors que se passe-t-il ensuite ? Comment se fait-il que ce dynamique club pionnier disparaisse de manière aussi abrupte et surtout pourquoi ? Les informations dont nous disposons ne permettent pas d’établir avec certitude quel a été le sort de ce club et encore moins les raisons de sa disparition. Il est possible que ce club ait fusionné avec un autre ou ait été tout bonnement absorbé mais aucun lien n’est établi avec l’un ou l’autre des clubs parisiens qui existent alors ou viendront peu de temps après. Tout au plus peut-on lire dans Le Journal à la fin de l’année 1905 :

« Le Paris Baseball Club, qui avait été fondé en 1889, a cessé ses activités. Depuis quelque temps déjà, ce sport n’attirait plus guère les amateurs et les joueurs avaient fini par se lasser. Le Club a tenu une dernière réunion dernièrement, au cours de laquelle il a été décidé de mettre fin à ses activités. Il n’y a plus actuellement de Club de base-ball à Paris. »[xliii]

Il faut croire que les Parisiens ont finalement préféré s’adonner au football ou au rugby. Il faut croire aussi que la population d’étudiants américains dans la capitale a changé ou adopté d’autres priorités. Cyrus Dallin quant à lui, ne manqua apparemment pas une occasion de venir saluer les joueurs de baseball lorsqu’il passait par Paris, et continua longtemps à jouer au poste de troisième base dans l’équipe de baseball amateur du Saint Botolph Club à Boston.

La Fédération Française de Baseball tenta apparemment au moins une fois de ressusciter ce club légendaire, en 1938. C’est du moins une information que l’on peut trouver dans le International Herald Tribune sous la plume du journaliste Sparrow Robertson, destinataire d’un courrier du Secrétaire Général d’alors :

« Cher Monsieur, La Fédération Française de Baseball et moi-même […] sommes ravis de vous informer qu’un club de baseball a été constitué sous la dénomination de Paris Baseball Club. Américains, Canadiens et joueurs de toutes nationalités sont cordialement invités à nous rejoindre. […] Dimanche prochain, le 5 juin, à 15 heures, le Paris Baseball Club rencontrera le Ranelagh Baseball Club à Bagatelle, dans le Bois de Boulogne. »[xliv]

Pour autant, absolument rien dans l’historique des clubs de la FFBS ne permet d’identifier ce club parmi les affiliés à cette époque ou bien postérieurement à la publication de cet article.

***

[i] "Base-ball", La Revue des sports, 13 mars 1889, p. 150.

[ii] The American register for Paris and the continent, 16 mars 1889, p. 6.

[iii] Il créera plus de 260 œuvres, dont des statues notables de Paul Revere et d'Amérindiens ou bien encore la statue de l'ange Moroni qui se situe en haut du temple de Salt Lake City, devenue un symbole de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours.

[iv] Edouard-Joseph, Dictionnaire biographique des artistes contemporains, 1910-1930, Paris, 1930, I, 344 ; Thieme & Becker, VIII, 301 ; SAUR XXIII 526. Elève de Chapu et Dampt. Membre de la société nationale (?) de sculpture de New York 1893 ; sociétaire de l'Académie américaine des Arts et Lettres, membre de la Royal Society of Arts de Londres. méd. d'or exp. Artistes américains 1888 ; mention honorable au salon des Artistes français 1890, 2e méd. exposition universelle Paris 1900 ; 3e méd. Salon des Artistes français 1903 ; méd. d'or exp. Saint Louis 1904 ; méd. d'or exp. de San Francisco 1915. Spécialité : indien à cheval

[v] Informations recueillies sur https://fr.artprice.com/

[vi] Will South écrit que Harwood et Dallin ont joué dans la même équipe de baseball à Paris dans “James Taylor Harwood, 1860-1940”, James Taylor Harwood, Utah Museum of Fine Arts, 1987, p. 19.

[viii] "Le Paris Baseball Club", in Le Figaro, 5 juillet 1890, p. 2.

[ix] Comme celles que les étudiants portent dans les ateliers.

[x] "Le baseball en France", in Le Petit Journal, 20 mai 1894, p. 1.

[xi] "Le baseball à Paris", in Le Figaro, 23 août 1889, p. 2.

[xii] "Le Paris Baseball Club", in Le Figaro, 5 juillet 1890, p. 2.

[xiii] "Le baseball à Paris", in Le Figaro, 23 août 1889, p. 2.

[xiv] "Le base-ball à Paris", in Le Gaulois, 30 juin 1889, p. 2.

[xv] "Le Paris Baseball Club", in Le Figaro, 22 juin 1890, p. 3.

[xvi] "Le Base-Ball en France", in La Vie illustrée, 28 décembre 1889, p. 377-378 ; « Le baseball à la porte Maillot », in Le Temps, 11 mai 1902.

[xvii] "Le Paris Baseball Club", in Le Figaro, 5 juillet 1890, p. 2.

[xviii] "Le Base-Ball en France", in La Vie illustrée, 28 décembre 1889, p. 377-378.

[xix] "Le base-ball à Paris", Le Gaulois, 30 juin 1889, p. 2.

[xx] "Le Base-Ball en France", in La Vie illustrée, 28 décembre 1889, p. 377-378.

[xxi] "Le baseball à Paris", in Le Temps, 12 juin 1892, p. 2.

[xxii] "Le Base-Ball", in Le Journal, 3 août 1893, p. 1.

[xxiii] "Le match de baseball de la rue de Grenelle", in Le Figaro, 13 mai 1889.

[xxiv] "Le baseball en France", in Le Petit Journal, 20 mai 1894, p. 1.

[xxv] "Le Paris Baseball Club", in Le Figaro, 22 juin 1890, p. 3.

[xxvi] "Le match de baseball entre Paris et Colombes", in Le Petit Parisien, 24 mai 1891.

[xxvii] "Le Championnat de baseball - Le match Paris-Meudon", in Le Journal, 26 mai 1891, p. 2 ; « Le base-ball », in La presse sportive, 17 juillet 1913, p. 1.

[xxviii] "Le Base-Ball", in Le Journal, 3 août 1893, p. 1.

[xxix] "Le Base-Ball", in Le Journal, 3 août 1893, p. 1.

[xxx] "Le base-ball à Paris – La saison 1895", in Le Figaro, April 11, 1895, p. 4.

[xxxi] "Le baseball à Paris", in Le Figaro, 6 juin 1895, p. 4.

[xxxii] "Le baseball en France", rubrique « Sports », in Le Petit Journal, 19 avril 1903, p. 2.

[xxxiii] "Sport et Jeu", rubrique « Chronique Sportive », in Le Figaro, 13 septembre 1897, p. 2.

[xxxiv] "Le baseball à Paris", in Le Petit Journal, 15 juillet 1897, p. 1.

[xxxv] "Le Base-Ball", rubrique « Sports et Gymnastique », in Le Radical, 23 août 1897, p. 2.

[xxxvi] "Le baseball en France", rubrique « Sports », in Le Petit Journal, 19 avril 1903, p. 2.

[xxxvii] "Le Base-Ball en France", in La Vie illustrée, 28 décembre 1889, p. 377-378.

[xxxviii] "Le Base-Ball à Paris", in Le Radical, 26 avril 1890, p. 2.

[xxxix] "Le Base-Ball", in Le Petit Journal, 6 juin 1891, p. 1.

[xl] "Le Base-Ball", in Le Journal, 3 août 1893, p. 1.

[xli] "Le baseball à Paris", in Le Petit Parisien, 14 juin 1896, p.2.

[xlii] "Le baseball à Paris", in Le Matin, 10 juin 1900, p. 2.

[xliii] "Sport et théâtre", in Le Journal, 5 novembre 1905, p. 3.

[xliv] "Sporting Gossip", in International Herald Tribune, 2 juin 1938, p. 8.



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