28 mars 2013

Un géant parmi les géants

L'arrivée chez les New York Giants de Thorpe ne manque pas de susciter toutes sortes de réactions. L'athlète surdoué des Jeux de Stockholm marque les esprits par ses performances et son imposant gabarit. Le 3 février 1913, The Evening World gratifie ses lecteurs newyorkais de quelques dessins d'Edgren[i], qui laisse totalement libre cours à son imagination.

27 mars 2013

Honnissez cet homme !


Peu de temps après les Jeux de Stockholm, un journaliste américain découvre des éléments compromettants dans le passé de Thorpe, révélés par un homme se présentant comme son ancien manager. Interrogé par l’Amateur Athletic Union, Thorpe avoue avoir touché de 2 à 35 dollars par semaine pour jouer durant les étés 1909 et 1910 dans les équipes de baseball de ligue mineure de la Class D Eastern Carolina League[i]. Il a beau expliquer qu’il n’était pas conscient à l’époque des faits qu’il concourrait un jour aux Jeux, rien n’y fait. Aux yeux de Coubertin et de ses fidèles, les grecs des Jeux antiques n’étaient pas payés pour leur performance et il ne saurait en être autrement pour les athlètes modernes[ii]. La sacro-sainte règle de l'amateurisme si difficilement définie lors du Congrès de Paris a été enfreinte. La sanction tombe en janvier 1913 : il est radié à vie et contraint de restituer ses médailles. C’est bien évidemment un énorme scandale. La relation entre le baseball et le mouvement olympique ne sera jamais plus tout-à-fait la même.

25 mars 2013

Oui! Oui! Zee French Baseball

Signe de l'intérêt des Français pour le baseball ou à tout le moins de l'intérêt des Américains pour le développement du baseball en France, l'édition du 5 novembre 1912 du journal newyorkais The Evening World est illustrée très sympathiquement par le dessinateur Vic. On y trouve un florilège de clichés sur les Français, tels que les Américains se les représentent alors : moustachus, portant le béret, prompts à se battre en duel, raffinés voire précieux mais c'est un vrai régal. Jugez-en par vous-mêmes.

22 mars 2013

Résoudre le problème olympique


Belle idée que celle de Franz Messerly ! En tant que tel toutefois, il n’invente strictement rien. Il ne fait que reprendre à son compte la théorie développée et répandue depuis de nombreuses années par Albert Goodwill Spalding, visant à justifier les succès répétés des athlètes américains. Est-ce la raison pour laquelle, l’article de Sporting Life auquel nous faisions référence dans notre article précédent est illustré d’une photo de Spalding ? Cela laisse dans tous les cas supposer valablement que celui-ci n’est pas étranger ni à cette initiative, ni à la provenance des fonds destinés à rémunérer les instructeurs.

20 mars 2013

Messerly et l’Union Française de Base Ball


Suite aux succès de Thorpe, c’est une conjonction d’initiatives fortement complémentaires qui va enfin donner au baseball français sa première véritable chance de rayonner et de se développer efficacement et durablement. Tout d’abord, en fin d’année 1912, Sporting Life[i] publie un article au sujet du projet d’un certain Franz O. Messerly[ii] et reproduit la lettre que celui-ci adresse à James Edward Sullivan, fondateur de l’Amateur Athletic Union (AAU) et membre du Comité Olympique lors des récents Jeux de Stockholm[iii] :

18 mars 2013

Le roi des sports, le sport des rois


La cinquième édition des Jeux Olympiques se tient à Stockholm du 5 mai au 27 juillet 1912. Si la capitale suédoise a été retenue, c’est tout simplement parce qu’aucune autre candidature n’a été déposée. Pour autant, ces jeux sont synonymes de qualité, d’innovation et d’universalité, car pour la première fois depuis leur rétablissement, les athlètes proviennent enfin des cinq continents. Plusieurs pays - notamment le Japon, le Portugal ou encore la Serbie - font leur première apparition à la grand-messe du sport. Coubertin, Président du Comité International Olympique, remarque lyriquement dans ses mémoires : « Ce furent, cinq semaines durant, la liesse continue de la nature, le soleil étincelant à travers la brise de mer, les nuits radieuses, la joie des pavoisements multicolores, des guirlandes fleuries et des illuminations nuancées par l'éclat d'une lumière qui ne mourait jamais ». Entre autres événements, les Français retiennent la performance de Jean Bouin, qui bat le record du monde du 5.000 mètres.

16 mars 2013

Virus ?


Sans que cela ait de quelconque rapport avec les projets de Horace FogelThe Democratic banner, journal de Pennsylvanie, mentionne au mois de septembre 1910[i] que trois Français, Messieurs le comte de Lapparent[ii], Riaux-Boulay et L’Abbé Etienne, venus à Pittsburgh pour inspecter des manufactures ont eu l’occasion d’assister à un match joué devant 30.000 spectateurs par les Pirates au Forbes Field. Spirituel, le journaliste ajoute que les Français sont ressortis de cette expérience atteints par le virus du baseball à un point tel que la contagion devrait rapidement se propager jusqu’à Paris...

13 mars 2013

L’invasion des Phillies


En février 1910, alors que les Parisiens ont les pieds dans l’eau en raison d’une crue sans pareille de la Seine[i], quelques journaux américains[ii] annoncent comme une certitude « l’invasion » de la capitale française par la Philadelphia National League Team, autrement dit les Phillies (par opposition à la Philadelphia American League Team à savoir les Athletics), à l’issue de la saison sur le point de débuter. L’objectif poursuivi est apparemment on ne peut plus simple : faire découvrir le baseball au public français au travers d’une série d’exhibitions.

11 mars 2013

L’Athletic Club of Paris

Ludovic Charles Marie Hébert marquis de Beauvoir[i], dont la famille est réputée pour être particulièrement dévouée aux Princes d’Orléans, a accompagné dans sa jeunesse son ami Pierre d’Orléans[ii], duc de Penthièvre, dans un tour du monde de deux ans qui l’a conduit en Australie, à Java, au Siam, en Chine, au Japon et aux Etats-Unis[iii]. A-t-il découvert le baseball lors de son passage en Californie en 1867 ? C’est envisageable.

7 mars 2013

Une décennie perdue ? (seconde partie)


A peine six mois plus tard, c’est Fernand Bidault qui propose sa vision quelque peu ironique dans La vie au grand air[i] : « Le baseball a ceci de commun avec le Pôle Nord, la direction des aéroplanes et un certain nombre d’autres objets qu’il nous reste encore à le découvrir. Nous sommes à la fin de 1907, et nous ignorons toujours le base-ball. Et aucun indice ne nous permet d’espérer que nous pourrons voir de près, en France, un joueur de base-ball dans un temps plus ou moins éloigné ». Et plus loin : « le base-ball est un sport salutaire, émouvant, et capable d’exciter au plus haut point les passions humaines ». Cet article nous apprend au passage que l'Union des Sociétés Françaises de Sports Athlétiques, la fameuse fédération omnisports, a « codifié » le baseball ; il faut sans doute comprendre par là qu’elle en a traduit les règles officielles. Et Fernand Bidault d’ajouter avec une fausse naïveté : « A force de voir réglementer ce sport jusqu’ici inconnu, quelques observateurs finiront bien par remarquer son existence et un nouveau champ sera ouvert à notre dévorante activité ». Il aurait été intéressant de savoir qui, au sein de l’U.S.F.S.A., a participé à ces travaux de réglementation. Malheureusement, aucune information ne nous est donnée à ce sujet.

5 mars 2013

Une décennie perdue ? (première partie)


Qu’on ne s’y trompe pas, le match du Buffalo Bill’s Wild West n’est pas du tout représentatif de l’activité baseballistique durant la première décennie de ce nouveau siècle et doit plus être considéré comme un événement isolé. Bien qu’à la suite du turf et du cyclisme les journaux et revues spécifiquement dédiés au sport et les colonnes consacrées aux compétitions dans la presse généraliste n’aient jamais été aussi nombreux[i], l’information sur le baseball se fait soudain plus rare dans la presse. Les quelques articles et ouvrages qui traitent de ce sport en France sont particulièrement décevants et ne permettent pas de se faire une idée précise de sa pratique : si le journal est américain, il y fait allusion de manière très vague ; si le journal est français, le baseball y est souvent traité comme une curiosité plus que comme une activité vraiment digne d’intérêt ou réellement concrète. A croire que l’incident du duel de 1901 a bel et bien sonné le glas du développement de cette discipline dans l’hexagone. Voici un petit échantillon de ce qu’il est possible de trouver.

1 mars 2013

Le retour de Buffalo Bill

Seize ans après un premier passage très remarqué, Buffalo Bill est de retour en France en 1905. Son nouveau spectacle, le Buffalo Bill’s Wild West and Congress of Rough Riders of the World, repose sur une troupe encore plus imposante que la première fois[i] et démontre quà 59 ans il na pas son pareil au monde pour les attractions héroïco-foraines : outre les classiques cow-boys, indiens et autres mexicains, toutes sortes de nouveautés sont inscrites au programme, comme par exemple « les cosaques, véritables acrobates du cheval, qui chargent debout sur leur selle au triple galop, les arabes qui sélancent en frénétiques fantasia »[ii], les cavaliers anglais de retour du Transvaal et bien sûr les Rough Riders de Roosevelt dans une épique reconstitution de la bataille de San Juan.